Stefan Kyora : "Genève ne doit pas voir trop petit"
À l’occasion du Corporate Innovation Symposium (CIS) 2025, la FLAG a eu l’opportunité de s’entretenir avec Stefan Kyora, rédacteur en chef de Startupticker.ch et co-auteur du Swiss Venture Capital Report (SVCR), la principale publication sur les tendances en matière d’investissements dans les start-up en Suisse. Entretien.
L’année 2024 a marqué une nouvelle baisse du financement des start-up suisses, après une première diminution en 2023. Quels sont les principaux facteurs expliquant cette tendance ?
Deux éléments principaux expliquent cette contraction. Tout d’abord, l’absence de grandes levées de fonds au-delà de 100 millions de francs (NDLR : une seule en 2024) a limité le total des investissements. Ce manque de transactions d’envergure révèle une faiblesse structurelle : notre écosystème peine à attirer des investisseurs capables d’injecter des montants élevés.
Ensuite, la baisse concerne principalement la fintech et l’ICT. Ces secteurs, qui avaient connu une forte expansion ces dernières années, subissent un important recul en matière de financement.
Cette baisse du capital-risque est-elle un phénomène généralisé ?
Oui, cette tendance s’observe également ailleurs en Europe. En Suisse, le volume des investissements a reculé de 8,5%, contre 7,9% en moyenne en Europe. Le nombre de tours de financement a chuté de 10% ici, contre 15% sur l’ensemble du continent.
Néanmoins, malgré ce contexte, les cantons de Vaud et Genève ont bien performé. Pourquoi ?
Ce contraste s’explique par les spécificités sectorielles de chaque canton. Vaud et Genève bénéficient d’un ancrage fort dans la biotech, un secteur qui a résisté et même progressé en 2024, avec 739,2 millions de francs investis (+50%). Ce domaine a concentré quatre des cinq plus grosses levées de l’année. À l’inverse, Zurich, historiquement tourné vers la fintech, a souffert du ralentissement de ce secteur, enregistrant une chute de 51,5% des investissements dans ce domaine. Cela explique pourquoi, malgré un volume total d’investissements toujours important, Zurich voit sa dynamique affaiblie en 2024. Genève, quant à lui, a tiré son épingle du jeu grâce à un écosystème diversifié, profitant à la fois de la biotech et de la cleantech, un secteur également en progression.