Climat: où en est réellement la Suisse et Genève?

Souvent accusée d’en faire trop peu en matière de transition écologique, la Suisse s’appuie pourtant sur un arsenal d’incitations législatives et financières déjà solide. Entre engagements fédéraux et ambitions cantonales, la trajectoire vers la neutralité carbone est clairement engagée. Point de situation.
 


Lorsqu’on parle de transition écologique, il circule souvent l’idée que la Suisse “ne fait pas assez”. Pourtant, le pays dispose déjà d’un arsenal législatif et financier conséquent qui repose avant tout sur des incitations plutôt que des interdictions punitives. L’objectif n’est pas de sanctionner, mais d’orienter les comportements et de responsabiliser les acteurs.

Au niveau fédéral, la loi sur les objectifs climatiques trace la trajectoire vers la neutralité carbone en 2050, avec un soutien étatique de 3,2 milliards sur dix ans pour accélérer cette transition. Elle s’ajoute à la loi sur le CO₂, qui génère chaque année environ 1,2 milliard grâce à une taxe directement liée aux émissions. Une grande partie de ces fonds revient dans des programmes d’encouragement : rénovation énergétique des bâtiments, innovation, mobilité propre, etc. La révision en cours de la loi CO₂ prévoit même 3,5 milliards supplémentaires d’ici 2030 afin d’accélérer encore le mouvement.

Parallèlement, des instruments comme le “supplément réseau” financent le développement des énergies renouvelables pour environ 1,3 milliard par an. Cela soutient l’essor du solaire, de l’éolien, de la biomasse et d’autres sources d’énergie diversifiées.

À l’échelle cantonale, Genève s’est aussi doté de moyens ambitieux. Le canton a décrété l’urgence climatique dès 2019 et défini le Plan climat cantonal 2030. Ce dernier prévoit 5,9 milliards d’investissements, soit plus de la moitié du budget d’investissement public cantonal pour la décennie 2022–2031. Cet effort vise à réduire les émissions tout en stimulant l’économie locale et l’innovation technologique. En mai 2025, la population genevoise a même approuvé l’initiative 191, facilitant le déploiement du photovoltaïque sur le territoire cantonal et accélérant l’autonomie énergétique locale.

Le défi reste immense, mais la direction est claire et déjà engagée : depuis 1990, les émissions de gaz à effet de serre par habitant à Genève ont diminué de 40%. La tendance est donc à la baisse, et la dynamique se renforce.