Une pénurie de logements qui freine Genève
À Genève, se loger relève désormais du parcours du combattant. Avec un taux de vacance tombé à 0,34 %, le plus bas depuis plus de dix ans, la crise du logement atteint un niveau critique et freine l’attractivité du canton.
« Cherche un appart, désespérément. » L’annonce prête à sourire, mais reflète une réalité implacable : trouver un logement est aujourd’hui une mission quasi impossible pour des milliers de Genevois, contraints à un parcours du combattant. La preuve en chiffres : au 1er juin 2025, le taux de vacance des logements à Genève* est tombé à un niveau historiquement bas de 0,34%, un chiffre qui n’a pas été observé depuis 2012.
À titre de comparaison, il atteint 0,89% dans le canton de Vaud en 2025, 0,53% à Zurich, et 1,07% à Bâle-Ville en 2024. Rappelons qu’un taux inférieur à 1% traduit déjà une pénurie aiguë.
à Genève, cette tension est extrême : sur un total de 252’906 logements, seuls 858 étaient vacants au 1er juin 2025 (717 appartements et 141 maisons). Parmi eux, 642 sont destinés à la location, et 216 à la vente.
La crise frappe particulièrement les logements familiaux : 0,39% pour les deux-pièces, 0,25% pour les trois-pièces, et une pénurie encore plus marquée pour les quatre-pièces, avec un taux de seulement 0,21%.
Les perspectives ne sont guère rassurantes : seulement 570 nouveaux logements enregistrés au deuxième trimestre de cette année, bien en dessous de la moyenne des cinq dernières années (721 par trimestre). En un an, la construction à Genève a reculé de 41%, passant de 3’503 à 2’063 logements créés.
Une dynamique économique
Cette rareté de l’offre pèse sur l’attractivité du canton, impactant le secteur privé. Longtemps secondaire dans les préoccupations de recrutement, le logement est devenu un obstacle central : il complique l’arrivée de talents, pénalise les entreprises et dégrade la qualité de vie des salariés contraints de s’éloigner.
Cette situation pousse de plus en plus de ménages à s’installer dans les communes périphériques du Grand Genève (Haute-Savoie, Ain ou district de Nyon) avec, pour conséquences, des trajets pendulaires plus longs, sources de fatigue, de stress et d’imprévus, ainsi qu’une saturation accrue des infrastructures de transport.
Pour les résidents genevois, la pression est tout aussi forte : des loyers qui grèvent le pouvoir d’achat, une mobilité résidentielle bloquée et une sous-occupation massive des grands appartements. Selon l’Ocstat, entre 2015 et 2019, 50% des cinq-pièces étaient occupés par une ou deux personnes seulement. Ce phénomène ne découle pas de choix de confort, mais est la conséquence d’un marché verrouillé dans lequel la différence de loyer entre un ancien bail et un nouveau dissuade de déménager, même pour un logement mieux adapté.