On a vécu 24h de crise non-stop

Pendant 24 heures, la HEG-Genève et CRISALEAD nous ont plongés dans une crise fictive: cyberattaque, rumeurs et tensions sociales. Récit au cœur de la tempête. 

 

Je dois dire que je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. L’intitulé « 24h dans la tempête ! Simulation de crise » sonnait à la fois excitant… et un peu vague.

Mais rien ne pouvait nous préparer à ce que nous allions vivre. La veille, la pression est montée d’un cran. En lisant la liste des choses à emporter, une ligne m’a fait tiquer :

« Pensez à prendre un matelas de camping et un sac de couchage. » 

C’est à ce moment-là que j’ai compris : oui, on allait vraiment vivre la crise, 24h non-stop.

Geoffroy, alias le G, mon collègue et compère de l’aventure, s’est chargé de nous équiper. Ce qu’il ne savait pas encore, c’est que sur ces 24 heures… nous dormirions à peine deux.

Bienvenue chez ConstructionPro

Arrivés sur place, les équipes sont formées. Nous sommes l’équipe Gamma. Nous formions une équipe de sept. Des profils variés, des tempéraments différents, mais un seul but : tenir le cap.
Notre mission : incarner ConstructionPro SA, une entreprise fictive du secteur de la construction, en pleine ascension grâce à son projet phare, la Tour Silex 2, un gratte-ciel de 130 mètres censé placer la société parmi les leaders du domaine. 

Il est midi. Le décor est posé. C’est le coup d’envoi. 
Très vite, il a fallu structurer la cellule de crise.
J’endosse le rôle de chef de projet. Le G devient directeur financier. Nous prenons nos marques, on échange nos premiers réflexes. Le début d’après-midi s’installe, studieux.

La cyberattaque frappe

Et là, le scénario tombe : nous sommes victime d’une cyberattaque, qui met en péril nos activités ainsi que notre chantier phare.  Un groupe pirate revendique une intrusion, bloque nos serveurs, et réclame une rançon. Il est 17h, la soirée s’annonce longue. 

Nous jonglons entre les réunions techniques, les analyses, les scénarios. Il est très vite 21h. À un moment, quelqu’un lâche un « On n’a pas commandé à manger ? ». Il n’avait pas tort. Une commande de pizzas s’organise à la hâte, entre deux alertes et trois réunions d’urgence.

Notre réjouissance de les voir arriver est rapidement interrompue par la reprise de la gestion de crise. On les mangera plus tard !

Les premiers éléments indiquent que les pirates auraient non seulement chiffré nos données, mais également copié des informations sensibles, dont certaines liées au projet Silex 2.

Puis vient l’incertitude : Que savent-ils exactement ? Qu’ont-ils réellement volé ? Ont-ils toujours nos clés ?
La moindre hypothèse peut être vraie… ou catastrophique.

Pendant que l’équipe technique tente d’éclaircir les choses, une autre crise surgit. Il est minuit. 

Et on a à peine touché à nos pizzas. Rude. 

Quand la crise devient médiatique

Tout s’accélère. En quelques heures, tout dérape. Les clients s’inquiètent.
Les rumeurs s’emballent. Les médias appellent. Les employés paniquent.

Notre mission : empêcher la désinformation et éviter que les rumeurs ne deviennent la vérité perçue. 

Nous devons garder la maîtrise du récit, être crédibles, factuels, cohérents.
Chaque mot compte.

Entre deux réunions, nous montons un « plan dodo » : deux personnes dorment, cinq veillent en permanence.
Le G et moi, on dormira de 5h à 7h.
Enfin… ça, c’était le plan.

Mais pas le temps de penser à dormir. Le moment de vérité arrive avec un message d’une journaliste à 2h01 du matin

« Des rumeurs alarmantes circulent concernant une possible fuite de plans pour la Tour Silex 2. Nous allons en parler au JT. Avez-vous un commentaire officiel ? »

Panique dans la salle. En quelques minutes, il faut rédiger une réponse officielle du CEO, peser chaque mot, anticiper chaque interprétation.

Nous choisissons la prudence et transparence.

On tente de garder le cap dans la tempête. Mais le bruit médiatique enfle. Les hashtags surgissent. C’est violent. Les vues explosent. Et la crise interne commence.

Nous avons un point avec notre CEO, dont le rôle est endossé par l’un des instructeurs. 

Celui-ci nous convoque dans son bureau. Avec le G, on est confiants, on se dit que ce sera une présentation intermédiaire, comme toutes les autres. Et surtout, c’est bientôt notre tour d’aller dormir. La réalité sera différente : on se prend littéralement une vague de colère et de stress du CEO, qui panique au regard des enjeux réputationnels et financiers pour la société. On doit garder notre calme, et lui expliquer notre plan. Le vrai stress du top management. Tout parfait avant d’aller roupiller. Il est 4h55. It’s time for bed. Enfin, pour deux heures. 

 

La crise sociale frappe à son tour

À peine endormis, le réveil sonne, je vois le G se lever dans son sac de couchage. Il est 7h. J’ai l’impression d’avoir fermé les yeux 20 minutes. Un passage express à la cafétéria pour un café salvateur. Mais en repassant devant notre salle, l’ambiance est agitée.
Un nouveau scénario est tombé pendant notre « dodo » : grève généralisée et blocage des chantiers. Rien que cela. 

En bref, les salariés protestent, les syndicats s’organisent, les médias s’en mêlent. Le moral de l’équipe plonge, l’adrénaline remonte. Tout bien tout bien. 

Sous la pression, il faut préparer une sortie de crise sociale.
Les discussions avec le « médiateur » désigné s’enchaînent, les mots deviennent diplomatie. Enfin, le calme revient : Une vraie négociation d’entreprise, jouée à fond.

 

Face à la presse : dernière épreuve

Il reste une étape : la conférence de presse.

Les journalistes (nos instructeurs) ne nous épargnent pas.
Ils posent des questions piquantes, cherchent les incohérences, testent nos limites.

C’était étrange pour moi d’être l’autre côté, moi qui ai été journaliste.
Mais incroyable comme exercice.

On tient. On reste alignés. On communique.

 

24h plus tard : épuisés, mais contents

Nous voilà à midi, mais le jour suivant. À la fin, les visages sont marqués. Les cerveaux, en surchauffe. On a compris quelque chose de fondamental : une crise n’arrive jamais seule. On gère des crises, simultanément. Cyber, réputation, sociale, média, interne…
tout s’imbrique.

Cette simulation restera comme une aventure à part. L’immersion était tellement totale qu’on a parfois oublié de manger et presque oublié de dormir.
On y a appris mille choses : la gestion sous pression, la communication millimétrée, la prise de décision quand tout brûle.
Mais surtout, on y a découvert la puissance d’une équipe qui se forme dans l’adversité.

En 24 heures, nous avons travaillé, hésité, paniqué, décidé… avec des personnes que nous ne connaissions pas la veille.
Et pourtant, quelque chose s’est créé : une solidarité immédiate, une confiance instinctive, presque un réflexe collectif.

Une aventure pas comme les autres. Une tempête qui forme. Et un sacré souvenir.