Genève réduit ses émissions, mais doit accélérer le mouvement

En 2022, les émissions par habitant ont reculé de 27 % depuis 1990, malgré la croissance démographique. Des résultats salués par Antonio Hodgers, mais encore insuffisants pour atteindre les objectifs du Plan climat cantonal, qui exigent une accélération du rythme d’ici 2030.

Des résultats encourageants, mais un chemin encore long et un rythme qui doit s’accélérer. C’est ainsi qu’Antonio Hodgers, conseiller d'Etat en charge du Département du territoire (DT), a résumé le bilan carbone du canton pour l’année 2022 devant la presse.

Parmi les points positifs, la réduction de l’empreinte carbone par habitant : celle-ci est passée de 17,3 tonnes de CO₂ en 1990 à 12,7 tonnes en 2022, soit une baisse de 27%, alors même que la population du canton a augmenté de 35% sur la même période. La diminution est encore plus marquée pour les émissions directes, produites sur le territoire genevois, qui ont chuté de 39% depuis 1990.

En revanche, le tableau est plus contrasté lorsqu’on examine l’empreinte globale du canton. Pour rappel, le Plan climat cantonal vise une réduction d’au moins 60% des émissions directes d’ici 2030 par rapport à 1990. Or, en 2022, ces émissions s’élevaient encore à 1,8 million de tonnes de CO₂, soit une baisse de seulement 18% depuis 1990. Pour atteindre l’objectif fixé, elles devront être ramenées à 0,85 million de tonnes d’ici 2030.

Pour y parvenir, le canton mise notamment sur la diminution de la consommation énergétique des bâtiments. «La baisse des émissions liées à l’énergie utilisée dans les bâtiments doit se poursuivre. L’optimisation et la rénovation massive du parc bâti, appuyées sur les nouvelles exigences réglementaires, seront essentielles», a insisté Antonio Hodgers.

La mobilité terrestre constitue un autre défi de taille. L’objectif de réduire de 40% le trafic individuel motorisé et d’atteindre 40% de véhicules électriques d’ici 2030 semble difficile à atteindre. «La réduction des émissions de GES passe par un profond changement des habitudes de déplacement, un processus qui s’inscrit dans le temps long », a-t-il souligné. Si les émissions liées aux déplacements des résidents genevois ont baissé de 16% entre 1990 et 2022, celles des non-résidents circulant sur le territoire ont, en revanche, augmenté de 27%.

Pour accélérer la baisse des émissions, l’État mise sur plusieurs mesures, dont le renforcement de l’offre de transports en commun, en particulier le Léman Express, ou la mise en service de nouvelles lignes de tram.

«Les objectifs climatiques sont tout à fait atteignables sans porter atteinte à notre qualité de vie», a conclu Antonio Hodgers avec optimisme. Il a toutefois souligné que, malgré des progrès encourageants, le rythme actuel de réduction des émissions directes de GES devra s’intensifier pour que les objectifs puissent être atteints.

Toutefois, pour le canton, le principal défi reste celui des émissions indirectes, qui représentent 73% de son empreinte carbone. Elles proviennent en grande partie de l’approvisionnement énergétique ainsi que de l’importation de biens, de matières premières et de services. Un effort conséquent est notamment nécessaire sur les biens de consommation (+8% depuis 1990).