Genève, bon ou mauvais élève de la participation citoyenne?
À Genève, la participation électorale connaît une diminution progressive depuis plusieurs années. Pour preuve, moins d’un électeur sur trois s’est déplacé lors du second tour de l’élection complémentaire au Conseil d’État en octobre dernier, un niveau rarement observé depuis 1980.
Cette tendance s’est confirmée lors des votations populaires de mai 2025, où la participation s’est établie à 28,2%, l’un des taux les plus faibles depuis 1999. Ce recul est d’autant plus notable que les objets soumis au vote, comme le développement de l’énergie solaire ou la réforme de l’impôt communal, concernaient des enjeux structurants pour le canton.
La même évolution s’observe à l’échelle communale. Lors du second tour des élections municipales de 2025, seuls 84'000 électeurs sur près de 290'000 ont pris part au scrutin, soit 28,8% du corps électoral, en baisse par rapport à 2015 et 2020. La commune de Lancy a enregistré la mobilisation la plus faible du canton, avec seulement 22,8% de participation.
Comparé aux autres cantons, Genève se situe désormais dans la partie basse du classement national de participation : 20e en 2024, 17e en 2023, 21e en 2022, 23e en 2021, alors qu’il occupait encore la 3e place en 2019 et le 9e rang sur la période 2011–2020.
Sur les dix dernières années, la participation moyenne à Genève s’élève à 45%, avec des variations selon les scrutins. Les votes à portée nationale, fortement médiatisés et porteurs d’enjeux symboliques, mobilisent davantage : ce fut le cas de l’initiative No Billag en 2018, des votations sur le salaire minimum en 2020 ou encore de la réforme de l’AVS en 2024. À l’inverse, les objets plus techniques ou perçus comme éloignés des préoccupations quotidiennes suscitent moins d’intérêt.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce recul: la complexité de certains objets, la perception d’un impact limité du vote ou encore une distance croissante avec les enjeux locaux. S’ajoute à cela la fréquence élevée des scrutins à Genève: depuis 2000, les électeurs ont voté sur plus de 200 objets cantonaux, un record en Suisse. Cette densité reflète une forte culture participative, mais peut aussi générer une certaine lassitude électorale.