Le poids des charges écrase la classe moyenne genevoise
À Genève, la classe moyenne, souvent présentée comme le pilier économique du canton, voit son équilibre vaciller. Malgré des revenus parmi les plus élevés du pays, la hausse continue des loyers, des impôts et surtout des primes d’assurance maladie grignote son pouvoir d’achat. En deux ans, ces dernières ont bondi de plus de 15%, faisant de Genève le canton le plus cher de Suisse et accentuant le sentiment de pression et d’injustice au sein des ménages.
Souvent décrite comme le moteur économique, la classe moyenne voit aujourd’hui son pouvoir d’achat s’effriter sous l’effet de la hausse des coûts, notamment des loyers et des primes d’assurance maladie. À Genève, cet impact est encore plus prononcé, frappant durement cette catégorie de la population. Mais qui désigne-t-on précisément par « classe moyenne » ?
D’après les dernières données disponibles de l’Office cantonal de la statistique (Ocstat), elle regroupait, en 2018, les individus dont le revenu brut équivalait à un montant compris entre 70% et 150% de la médiane cantonale, soit entre 48’829 et 104’634 francs par an (4’069 à 8’720 francs mensuels brut). Cette définition du revenu brut inclut non seulement les salaires, mais également les rentes, les revenus patrimoniaux ainsi que les aides sociales.
Cela étant dit, l’introduction du salaire minimum à Genève en 2020 pourrait avoir modifié ces seuils, notamment en réduisant la part des bas salaires. Les statistiques officielles n’ont cependant pas encore intégré ces évolutions récentes.
En poursuivant cette réflexion et en se concentrant uniquement sur les actifs salariés, le tableau se nuance quelque peu. Selon les mêmes critères de calcul, la classe moyenne genevoise percevrait ainsi un salaire brut mensuel compris entre 5’326 et 11’413 francs par mois, avec une médiane située à 7’609 francs en 2022. Cette approche, bien que plus restrictive compte tenu du fait qu’elle écarte les inactifs, les indépendants, les actifs inoccupés, toutes les prestations sociales, tous les revenus de la propriété et toutes les rentes, offre toutefois un éclairage différent sur la réalité économique genevoise.
«Les charges auxquelles les foyers genevois doivent faire face sont bien supérieures à la moyenne nationale»
Cependant, se baser uniquement sur les revenus pour définir la classe moyenne ne reflète pas pleinement la réalité économique des familles, en particulier à Genève. D’après l’enquête fédérale sur le budget des ménages, les charges des foyers genevois sont nettement plus élevées que celles des ménages suisses. En moyenne, un Genevois paie plus qu’un autre habitant suisse pour se loger (1’606 francs contre 1’401 francs), pour ses primes d’assurance maladie (752 contre 656 francs) et pour ses impôts (1’461 contre 1’083 francs). Ainsi, bien que les revenus des Genevois soient plus élevés que la moyenne suisse, ces dépenses accrues grignotent cet avantage, réduisant leur capacité d’épargne (1’144 francs par mois contre 1’301 francs pour la moyenne suisse et 1’392 francs pour les Zurichois). Cet écart entre les revenus et les charges alimente un sentiment croissant de pression économique au sein des foyers genevois.