Olivier Brourhant - Success Story: Comment Mantu a bâti un empire du consulting depuis Genève

Success Story: Comment Mantu a bâti un empire du consulting depuis Genève

Depuis Genève, Olivier Brourhant a bâti en moins de vingt ans un groupe mondial de conseil, Mantu, présent dans 63 pays et fort de plus de 12 000 collaborateurs. Une réussite singulière, autofinancée, qui interroge le modèle entrepreneurial suisse.

Comment bâtir un géant mondial sans jamais lever un franc auprès d’investisseurs ? C’est le pari – réussi – d’Olivier Brourhant. Depuis sa fondation à Genève en 2007 sous le nom d’Amaris, Mantu s’est imposé comme un acteur incontournable du conseil aux entreprises, tout en restant indépendant du capital-risque. 

« Tout commence par la confiance : il faut mettre les bonnes personnes aux bons postes, et leur faire confiance pour jouer leur rôle », explique le fondateur, invité du podcast Success Story. Une philosophie qui irrigue la croissance de Mantu, fondée davantage sur la solidité de ses équipes que sur la puissance des capitaux.

«Il faut mettre les bonnes personnes aux bons postes, et leur faire confiance pour jouer leur rôle»

 

À rebours du discours ambiant, Olivier Brourhant revendique les vertus de la frugalité. « L’abondance est un problème. Quand tu n’as pas de moyens, tu fais attention à chaque franc dépensé, à ce que tu gagnes, à ce que tu te verses. » Ce pragmatisme a permis à l’entreprise de traverser les cycles sans dépendre d’actionnaires extérieurs ni céder à la pression du court terme.

Aujourd’hui, Mantu accompagne des milliers de clients sur des sujets aussi variés que la transformation digitale, la stratégie ou les nouvelles technologies. Une réussite qu’il attribue à la capacité d’adaptation plutôt qu’à la planification rigide : « Dans ce monde-là, la vraie force d’une entreprise, ce n’est pas sa stratégie à cinq ans, c’est sa capacité à s’adapter. »

Genève, terrain de jeu ou terrain d’obstacles ?

Si Mantu rayonne désormais dans 63 pays, son fondateur reste attaché à ses racines genevoises — non sans esprit critique. « Aujourd’hui, à Genève, on manque de digitalisation, on manque d’écoles de renom, et la fiscalité freine les projets », regrette-t-il.

Il déplore aussi l’absence d’un véritable écosystème collaboratif : « Dans d’autres pays, il y a un vrai écosystème : les grands groupes travaillent avec les start-up, les fonds suivent, tout le monde avance ensemble. » Pour lui, la Suisse doit encore apprendre à connecter ses forces publiques et privées pour favoriser l’innovation.

Même les détails du quotidien peuvent devenir des symboles : « J’aimerais voir des vélos ou trottinettes en libre-service à Genève. Pour la nouvelle génération, qui aime la mobilité douce, c’est un vrai frein. »

Olivier Brourhant évoque aussi la transformation du monde du travail, portée par la technologie et l’intelligence artificielle : « L’IA ne va pas remplacer les humains. Mais ceux qui n’apprennent pas à l’utiliser seront vite remplacés par ceux qui savent le faire. »

Sa vision du leadership repose sur la délégation, la transmission et la responsabilisation. Pas de culture de l’échec feinte, mais un apprentissage constant. « L’exécution, c’est 80 % du succès », aime-t-il répéter.

Mantu est aujourd’hui un groupe mondial, autofinancé, solide et en pleine expansion. Une success story rare dans un monde où la croissance est souvent corrélée à la levée de fonds. Son parcours, né à Genève, interroge autant qu’il inspire : et si la prochaine révolution entrepreneuriale suisse passait justement par la sobriété ?