Vue aérienne de Genève

Genève, une fusée de l’innovation qui tarde à décoller  

Innovation et entrepreneuriat à Genève : top ou flop ? La FLAG est allée à la rencontre des acteurs clés de l’écosystème – organismes de soutien, incubateurs, entrepreneurs et startupers – pour mettre en lumière les atouts, les freins et  les pistes d’amélioration de l’innovation entrepreneuriale à Genève. Décryptage. 

L’innovation ne se commande pas. Pour qu’elle émerge et s’épanouisse, il faut un écosystème propice : des infrastructures modernes, un marché du travail dynamique, une fiscalité attractive ou encore des pro­cédures administratives simplifiées. Les interactions entre les différents acteurs et la diversité des idées sont aussi essentielles pour libérer le potentiel créatif. Comme une fusée en plein décollage, l’innova­tion requiert un soutien constant, à chaque étape de son développement. 

La Suisse, souvent célébrée comme un leader mondial en innovation, en est un exemple frappant, avec un nombre impressionnant de dépôts de brevets par habitant. Les entreprises suisses déposent en effet deux fois plus de brevets que la Suède, deuxième pays du classement sur le plan européen. Cependant, lorsque l’on examine la situation de plus près sur le plan national, des disparités importantes existent entre les cantons. Sur ce point, Genève est plutôt bien placé, puisqu’il se classe en cinquième position derrière les cantons de Zurich, Vaud, Bâle-Ville et Zoug. 

Toutefois et malgré ce bon classement, la capacité de Genève à créer de nouvelles start-up reste limitée. Entre 2015 et 2023, seules 149 start-up financées ont vu le jour dans notre canton, un chiffre bien inférieur à celui de Zurich, de Vaud ou de Zoug. La tendance est encore plus frappante si l’on considère l’ensemble des créations d’entreprises en Suisse. En 2023, on compte 51’637 nouvelles sociétés, un chiffre record, selon l’IFJ, l’institut spécialisé dans la fondation d’entreprises. Si les créations ont augmenté dans les cantons de Berne (+4,7%), Zurich (+4,6%) et Vaud (+3,5%), par rapport à 2022, elles ont reculé de 1,4% à Genève. 

Ce constat se confirme en 2024. Alors que la Suisse affiche une hausse de 2,1% des inscriptions d’entreprises, avec 27’109 créations au premier semestre, Genève est à la traîne. Le canton affiche ainsi une baisse de 5,1% par rapport aux six premiers mois de 2023, tandis que le canton de Vaud enregistre, de son côté, une augmentation de 12,8%. 

Sans soutien financier adéquat, il est difficile de promouvoir la recherche, et sans recherche, il n’y a ni progrès ni découvertes significatives.

En termes de levées de fonds, Genève peine également à rivaliser avec ses concurrents. Entre 2015 et 2023, les start-up genevoises n’ont levé, en moyenne, que 133 millions de francs par an contre 796 millions pour les start-up zurichoises. Genève a du mal à attirer les investisseurs par comparaison aux autres grandes places économiques suisses, alors même que la capacité de lever des fonds est un pilier essentiel qui contribue fortement à la capacité d’innovation d’un canton. Sans soutien financier adéquat, il est difficile de promouvoir la recherche, et sans recherche, il n’y a ni progrès ni découvertes significatives. Ces écarts soulèvent ainsi d’importantes questions et réflexions quant à la manière d’optimiser le soutien à l’entrepreneuriat et à l’innovation à Genève. 

Les atouts pour devenir un pôle d’innovation majeur 

Genève dispose pourtant de nombreux atouts majeurs pour l’entrepreneuriat, comme sa position géographique, au cœur du marché européen. Situé à proximité immédiate des principales capitales européennes, le canton bénéficie d’un accès facilité aux grands hubs économiques. Cette centralité géographique permet aux sociétés genevoises de rayonner efficacement à l’échelle européenne et mondiale. 

« La combinaison de sa position géographique stratégique et de sa diversité économique fait de Genève un environnement idéal pour l’émergence de nouvelles idées et la croissance d’entreprises innovantes » 

La diversité économique de Genève est également un facteur clé pour l’innovation. Contrairement à l’image souvent associée à une prédominance du secteur financier, le tissu économique genevois est extrêmement varié. Il englobe des industries de pointe telles que l’horlogerie, la pharma, les sciences de la vie, les sciences de l’infor­mation ou encore des secteurs créatifs comme la gastronomie.