Pourquoi Genève doit miser sur l’apprentissage
Genève reste à la traine en matière d’apprentissage, malgré son rôle stratégique pour la compétitivité des entreprises du canton et pour l’avenir des jeunes. À l’heure où la Cité des métiers ouvre ses portes, la question de revaloriser la formation professionnelle s’impose plus que jamais.
Alors que la Cité des métiers se tient fin novembre à Palexpo, la question de l’apprentissage se retrouve au centre du débat. Le canton de Genève reste la lanterne rouge de la Suisse en matière de formation professionnelle, malgré son rôle stratégique pour la compétitivité des entreprises du canton et pour l’avenir des jeunes. Comment changer cela ? Karine Curti, directrice de la Fondation pour l’attractivité du canton de Genève (FLAG) et Patrick Kern, juriste, apportent des éléments de réponse.
Retard préoccupant
«À Genève, seulement 21,5 % des jeunes s’engagent dans un apprentissage, contre près de 60 % en moyenne nationale», constate Patrick Kern. Le canton se distingue également par un âge moyen d’entrée en apprentissage supérieur à celui observé ailleurs en Suisse : « il dépasse les 20 ans, contre environ 18 ans dans le canton de Vaud.»
Cette situation s’explique en partie par des réflexes culturels persistants. « Beaucoup de parents continuent de voir l’apprentissage comme une voie de second rang », relève-t-il. Au cycle d’orientation, près de la moitié des élèves se dirigent ainsi vers le collège, parfois au prix de réorientations successives. «L’apprentissage apparaît encore trop souvent comme un plan B, après quelques échecs.»
Une question de perception
Pour Karine Curti, cette vision réductrice contribue à maintenir un déséquilibre. « Elle alimente l’idée que la maturité serait réservée aux meilleurs et que le CFC serait l’option par défaut. C’est inexact. » La formation professionnelle ouvre en réalité la porte à des métiers qualifiés, à de vraies perspectives de carrière et à des études supérieures. «Changer ce regard, surtout auprès des parents, est devenu un enjeu majeur.»
Atout stratégique pour les entreprises
L’apprentissage représente également une opportunité pour les employeurs. Une récente enquête du Secrétariat d’État à la formation révèle que 50 % des contrats d’apprentissage génèrent un bénéfice net pour les entreprises formatrices : « plus de 4500 francs par an et par apprenti après déduction des coûts », précise Patrick Kern.
Mais au-delà des chiffres, l’intérêt est stratégique : former sa relève, sécuriser les compétences internes et disposer de collaborateurs déjà familiarisés avec les méthodes et les besoins de l’entreprise, explique la directrice.
Voie d’avenir
Pour les jeunes, le CFC constitue une passerelle directe vers l’emploi. « L’apprentissage leur permet d’entrer rapidement dans le monde professionnel, de se former sur le terrain, et d’acquérir des compétences directement utiles au marché du travail », résume Karine Curti. En témoigne le taux d’insertion: 85 % des titulaires d’un CFC décrochent un premier emploi dans les trois mois suivant leur formation.